1. Temps historiques anciens
Vers 734 av. J.-C., Corinthe cherchant une escale sur la route de la Sicile installa une colonie dans l'île.. Les colons corinthiens s'établirent sur le promontoire connu aujourd'hui sous le nom de Paléopolis, au sud de la ville de Corfou. Cette ville reçut le nom de Korkyra ou Kerkyra (Corcyre). L'origine des populations indigènes que les Grecs trouvèrent dans l'île est inconnue.
Kerkyra devint une puissance maritime qui disputa à sa métropole l'hégémonie dans la mer Ionienne et l'Adriatique. Jalouse de son indépendance, elle rompit très tôt les liens qui l'attachaient à Corinthe, dont elle battit la flotte en 665 av. J.-C..
En 626, elle fonda elle-même les colonies d'Épidamne (Durazzo) et d'Appollonia, en Épire.
Ses démêlés avec sa colonie d'Épidamne et avec Corinthe, et son alliance avec Athènes, vers 431 av. J.-C., sont à l'origine de la guerre du Péloponnèse. Sparte et Athènes, secondées à Corcyre s'affrontèrent devant les îles Sybota pour maintenir la ville sous leur influence.
La rivalité entre Athènes et Sparte se ranima au début du IVe siècle av. J.-C. et, après avoir connu l'hégémonie lacédémonienne, l'île passa sous l'obédience de la Seconde Confédération athénienne.
En 372 av. J.-C., lors d'un siège mémorable, Sparte ne put l'arracher aux Athéniens.
Elle fut prise en 299 par Agathocle, tyran de Syracuse, qui la céda en 295 à Pyrrhos, roi d'Épire, en même temps que la main de sa fille.
En 229 avant J.-C., Teuta, reine des Illyriens, s'en empara, mais l'île fut aussitôt délivrée par Rome, qui l'annexa et dont elle devint l'alliée fidèle.
2. Période byzantine
Rattachée à l'Empire d'Orient en 336 apr. J.-C., Kerkyra lutta contre les Goths installés sur la côte dalmate et en Italie. Elle participa aux luttes contre les ennemis de l'Empire byzantin, surtout avec ses marins et ses vaisseaux.
Vers la fin du XIe siècle et au début du XIIe siècle, elle devint l'enjeu d'âpres combats entre Byzantins, Normands et Vénitiens.
3. Domination vénitienne
Après la prise de Constantinople par les Francs, en 1204, les Vénitiens conservèrent l'île qui, en 1210, passa entre les mains des despotes d'Épire, puis en 1267 sous la tutelle des princes d'Anjou qui régnaient à Naples, échappant ainsi à la conquête turque, ce qui lui vaut d'être aujourd'hui encore, aux côtés des autres îles Ioniennes, la partie la plus latine de la Grèce.
Des Angevins de Naples elle repassa à la République de Venise en 1386. Avec les autres îles Ioniennes (Zante et Céphalonie surtout), elle participa dès lors aux luttes de la Sérénissime République contre les Turcs, ce qui lui valut l'octroi de quelques libertés.
En 1537 et en 1716, Corfou repoussa deux terribles attaques des Turcs qui vinrent échouer sur les défenses de la vieille citadelle, la seconde fois grâce au talent d'un officier de fortune au service de Venise, le comte de Schulenburg.
Chalcographie de J.C. Weigel à Orbis Antique datant de 1720
4. Domination française - Cité ionienne
Après la chute de Venise, en 1797, et le traité de Campo-Formio, Corfou et les autres îles Ioniennes furent attribuées à la France qui les avait déjà fait occuper militairement. Conquise avec les autres îles Ioniennes par les forces turco-russes de l'amiral Ouchakov en 1799, Corfou fit partie, avec six autres îles, d'une République placée sous le protectorat de la Russie et de la Turquie. Le comte d'Istria fut chargé d'organiser cette nouvelle république. La paix de Tilsitt (1807) plaça à nouveau les îles Ioniennes sous la juridiction de la France qui y demeura jusqu'en 1809, sauf à à Corfou où elle se maintint jusqu'en 1815. En effet, pendant six ans (1808-1814), la garnison française du général Donzelot s'y maintint héroïquement, malgré le blocus des Anglais, et ne l'évacua qu'après la signature du traité de Paris.
5. Occupation anglaise
Les traités de 1815 instituèrent des États-Unis des îles Ioniennes sous protectorat britannique. Après l'administration du général Campbell, les îles subirent bientôt le régime autoritaire du Lord haut-commissaire, sir Thomas Maitland (1816-1824). Ses successeurs se montrèrent plus libéraux et s'attachèrent à améliorer la situation morale et matérielle des insulaires. Le lord haut-commissaire gouvernait avec un Sénat (Gérousia) et une assemblée élue (Boulè ) votant le budget. Le dernier gouverneur anglais fut le colonel Dir Henry Storge.
7. Libération et aujourd'hui
En 1864, la Grande-Bretagne rendit l'indépendance aux Sept-Îles et permit leur rattachement au royaume hellénique. Le pacte de Corfou (20 juillet 1917) jeta les bases d'une union politique entre Croates, Serbes et Slovènes. De cette union allait naître la Yougoslavie. Pourtant territoire neutre, Corfou subit de plein fouet les effets de la Seconde Guerre mondiale. Bombardée par les Italiens en 1940, et par les Allemands trois ans plus tard, elle vit disparaître dans les décombres plusieurs de ses monuments majeurs comme la Bibliothèque, le bâtiment du sénat, le théâtre et de nombreuses églises.
Mais les Corfiotes surent tirer parti de la nature exceptionnelle de l'île et retrouvèrent une prospérité économique.
Ainsi, Corfou est aujourd'hui l'un des lieux de villégiature les plus prisés des îles grecques.
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